mardi 16 janvier 2018

La classe politique française, le débat passionnel sur l'immigration, l'ombre du Front national...Le cocktail détonnant.



J'avoue éprouver une forme de lassitude avec ce débat toujours passionnel sur l'immigration en France...Notamment cette drôle d'impression que des générations politiques se suivent et se succèdent, sans réel changement de logiciel misérabiliste et xénophobe sur cette question des migrations internationales.

Elle demeure en effet enfermée voire prise en otage dans des petits calculs politiciens. Alors que les enjeux demandent plus que jamais de la hauteur d'analyse et surtout de la vision, pour un pays placé en plus au cœur des crises et des mécanismes de déstabilisation des régions entières et des États, qui poussent précisément des millions de femmes et d'hommes à prendre le chemin de l'exil (politique ou économique, c'est en réalité aujourd'hui pareil).

Face à cette cécité politique, aller perdre son temps dans des concertations et autres rencontres avec tel ou tel ministre ou chef de gouvernement, voire de l’État, n'est franchement d'aucune utilité de nos jours en France.

Car ici la plupart des responsables politiques une fois au pouvoir, deviennent littéralement hantés par l'ombre ou les démons du Front national, au point de perdre parfois tout sens de la mesure.

Joel Didier Engo 



Immigration: des arrivées et des renvois en hausse en 2017

La Direction générale des étrangers de France a publié son rapport, mardi, sur les chiffres de l’immigration en 2017 alors qu’Emmanuel Macron se rend à Calais.
Le Monde.fr avec AFP | | Par


Des migrants attendent près d’un parking à camions, à Calais (Pas-de-Calais), le 12 janvier.
Des migrants attendent près d’un parking à camions, à Calais (Pas-de-Calais), le 12 janvier. PHILIPPE HUGUEN / AFP

En 2017, la France a délivré 13,7 % de nouveaux titres de séjours de plus qu’en 2016. Quelque 262 000 étrangers en ont obtenu un premier. Rendues publiques par le ministère de l’intérieur mardi 16 janvier, les données 2017 sur l’immigration risquent d’alimenter la polémique sur ce sujet difficile à manier en finesse. D’autant qu’ils sont annoncés le jour même où le chef de l’Etat fait sa première sortie sur le thème, et alors que la future loi asile et immigration fait débat.

Les entrées 2017 se sont d’abord faites pour motif familial : 91 070 étrangers ont obtenu un premier titre de séjour (+ 2,2 %), majoritairement parce qu’ils ont épousé un ressortissant français ou fait venir des membres de leur famille. Le deuxième groupe de nouveaux venus, lui, est composé des étudiants qui ont été 88 095 à commencer un cursus en France (+ 19,6 %). Vient ensuite la catégorie des visas humanitaires délivrés à 40 305 personnes (+ 35 %), essentiellement au titre de l’asile ; puis les 27 690 nouveaux venus (+ 20,5 %) autorisés pour la première fois à venir travailler en France.

Ce distinguo permet de comprendre combien ces entrées sont un mixte d’« immigration subie » et de « migration choisie ». Les passeports talents, voie royale offerte à ceux que la France rêve de faire venir, tiennent une place particulière dans ce paysage. A l’heure de la bataille mondiale des cerveaux, la France est peut-être en train de trouver des moyens d’attirer avec ce dispositif puisque 27 856 ont été délivrés (ou renouvelés) depuis leur création fin 2016. Depuis 2012, la hausse des entrées est continue et régulière en France.

Affaire compliquée

A l’autre bout de la chaîne, 27 373 personnes, soit 10,8 % de plus qu’en 2016 ont, elles, quitté la France en 2017. Comme les entrées, ce nombre amalgame des réalités disparates. Il intègre d’abord les 6 596 renvois forcés vers des pays extérieurs à l’Union européenne. C’est la donnée la plus emblématique de la politique pudiquement baptisée de « reconduite ». Ce nombre, en hausse de 7 % par rapport à une « mauvaise » année 2016 en matière de renvoi, ne fait que rattraper le nombre d’expulsions de 2015 (6 311). Il concerne évidemment les déboutés du droit d’asile, que le gouvernement Philippe promet de renvoyer plus massivement. C’est d’ailleurs l’esprit dominant du projet de loi qui sera présenté en conseil des ministres le 21 février et c’est le cœur de la politique menée par Gérard Collomb depuis son arrivée Place Beauvau.

Ces renvois hors Union Européenne s’ajoutent aux expulsions de ressortissants européens (essentiellement Roumains) en hausse de 9,2 %, et surtout à la remise à l’avion des « Dublinés ». Cette dernière catégorie concerne les demandeurs d’asile qui ont laissé leurs empreintes dans un autre pays d’Europe, vers lequel la France voudrait les renvoyer. Le gouvernement met beaucoup d’énergie et de moyens pour obtenir leur réadmission, afin qu’ils ne demandent pas l’asile en France. Mais l’affaire est compliquée, même si, au final, cette énergie dépensée aboutit à une hausse de 37,5 %, avec 4 589 départs forcés. Le résultat reste cependant mitigé puisqu’un tiers des 100 412 demandeurs d’asile de 2017 étaient « dublinables ».

Politique offensive

A tout cela s’ajoutent des départs spontanés (+ 43,5 %), parfois aidés d’un petit coup de pouce. Si la première catégorie intègre tous ceux qui pour des raisons variées ont décidé de rentrer chez eux, la seconde concerne essentiellement des Afghans et des Albanais usés par leur périple migratoire. L’Office français de l’immigration et de l’intégration mène une politique offensive, et offre des aides à la réinstallation qui ont convaincu 28,2 % de personnes de plus qu’en 2016. Ainsi, ils sont 1 078 à avoir décidé de repartir et sont aidés financièrement pour développer un projet économique s’ils sont Afghans (pas s’ils sont albanais).

Par ailleurs, dans le contexte du rétablissement des contrôles aux frontières intérieures, les non-admissions d’étrangers ont fortement augmenté comme le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb s’en était plusieurs fois félicité. En 2017, 85 408 personnes se sont vues notifier un refus d’entrer, soit une hausse de 34 %. Cette pratique est surtout à l’œuvre à la frontière franco-italienne.

 
L’équilibre n’est pas facile à trouver pour la France, qui se veut pays touristique, et souhaite en même temps limiter les entrées de personnes qui pourraient profiter d’un visa court séjour pour s’installer. Après le repli de 2016, le nombre de visas délivrés repart à la hausse en 2017, avec un total de 3 420 395 (+ 11 %). Les ressortissants chinois, indiens et russes en sont les premiers bénéficiaires et cette fois encore la Chine reste le premier pays d’origine des titulaires de visas (849 550 délivrés). Soit 18,7 % de plus qu’en 2016.

Ce qu’il faut retenir de la visite d’Emmanuel Macron à Calais

Un an et demi après le démantèlement de la « jungle » et malgré les critiques du projet de loi asile-immigration, le président s’est rendu dans la ville symbole de la crise migratoire.

Le Monde.fr avec AFP |

L’essentiel

  • La France ne laissera pas s’installer une nouvelle « jungle » à Calais « ou une occupation illégale du territoire », a déclaré mardi 16 janvier le président Emmanuel Macron. « Calais n’est pas une porte d’entrée dérobée vers l’Angleterre, cela continuera à être le cas », a-t-il dit.

  • L’Etat va prendre en charge la distribution de nourriture aux migrants présents à Calais, a également annoncé M. Macron. Cette tâche était précédemment assurée par des associations.

  • En déplacement dans le Pas-de-Calais, le chef de l’Etat s’est rendu pour la première fois de son mandat dans cette ville emblématique de la crise migratoire. En octobre 2016, quand la « jungle » a été démantelée, 7 400 migrants y étaient installés, ils seraient aujourd’hui entre 300 et 600.

Le contexte

Emmanuel Macron s’est rendu à Calais quelques jours après la présentation aux associations concernées du projet de loi asile-immigration, que le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, doit exposer dans le courant de février en conseil des ministres. Les associations, reçues le 11 janvier par le premier ministre Edouard Philippe, ont dénoncé un texte « qui paraît déséquilibré », selon le président de la Fédération des acteurs de la solidarité, Louis Gallois, soulignant « une insistance » sur les mesures visant « à reconduire les migrants en situation irrégulière ».

La citation

« Le travail de policier est peu reconnu, souvent caricaturé. Les critiques ne visent qu’un but : mettre à mal la politique mise en œuvre par le gouvernement. »
S’exprimant devant les forces de l’ordre, Emmanuel Macron leur a renouvelé son soutien, les appelant à être « exemplaires » vis-à-vis des migrants en ne procédant à aucune violence ni confiscation de leurs effets personnels. Le président de la République a également annoncé l’accord d’une prime exceptionnelle « de résultats » aux policiers et aux gendarmes postés à Calais. Dans un rapport publié en octobre, les inspections générales de l’administration (IGA), de la police nationale (IGPN) et de la gendarmerie nationale (IGGN) ont estimé « plausibles », « des manquements à la doctrine d’emploi de la force et à la déontologie policière ».


Le chiffre

600
Environ 600 migrants cherchant à rejoindre l’Angleterre vivent encore à Calais, selon le comptage effectué par l’association L’Auberge des migrants le 2 janvier. Ils sont 350, selon la préfecture du Pas-de-Calais. Tous ne dorment pas dehors, certains sont hébergés par des habitants, et 270 places d’hébergement ont été ouvertes par la préfecture avec le plan « grand froid ». Mardi, Emmanuel Macron a annoncé que l’Etat « allait prendre en charge » la distribution de repas aux migrants à Calais, « de manière organisée, avec des points mobiles. »

Des migrants continuent de mourir en tentant de franchir la frontière. Trois d’entre eux ont perdu la vie sur l’autoroute le 9 janvier et les 22 et 29 décembre 2017.

Un délégué interministériel aux réfugiés bientôt nommé

Un délégué interministériel aux réfugiés, attendu depuis l’été dernier, sera nommé « la semaine prochaine », a annoncé mardi Emmanuel Macron, en plaidant pour une « impulsion forte » à la politique d’intégration. Le chef du gouvernement avait annoncé en juillet la création de ce poste, placé sous la houlette du ministère de l’intérieur, une tutelle qui avait fait grincer des dents du côté des associations.

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